Aby Warburg et l’image en mouvement
Fondateur de la discipline iconologique, créateur du prestigieux institut qui porte son nom, Aby Warburg (1866-1929) a compté parmi ses disciples les plus célèbres historiens de l’art du siècle : Panofsky, Wind, Saxl…
Mais ces héritiers ont, pour la plupart, préféré développer une «iconologie restreinte» fondée sur le déchiffrement et l’interprétation des symboles – là où Warburg, nourri de Nietzsche et de Burckhardt, entendait assumer les risques d’une «iconologie critique».
Écrire l’histoire de l’art, c’est non seulement confronter des objets hétérogènes, mais repérer dans l’œuvre même les lignes de fractures, les tensions, les contradictions, les énergies au travail : le tableau est la mise en suspens de facteurs incommensurables.
Simultanément, Warburg renverse l’interprétation de Winckelmann (qui cherchait dans l’art grec «la noble simplicité et la grandeur sereine») et lui substitue comme véritable source de la Renaissance l’élan dionysiaque, l’expression du mouvement, de la danse, de la transe personnifiés par la nymphe échevelée, la ménade extatique et convulsée. Avec Warburg, l’histoire de l’art n’opère plus aux confins de l’anthropologie : elle en est une catégorie. Philippe-Alain Michaud prolonge les intuitions de Warburg en introduisant dans son analyse le daguerréotype, les expériences de Marey, le cinéma primitif, la danse de Loïe Fuller, toutes pratiques qui affleurent dans l’interprétation warburgienne des images et qui en éclairent la singularité.
Philippe Alain Michaud est conservateur chargé de la collection des films au Musée national d’art moderne Centre Georges-Pompidou.
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114 illustrations noir et blancFormat : 16 x 24 cm
ISSN : 1150-2428